Nous remercions Jean-Luc DESCHAMPS, de nous avoir transmis des informations de son ancien site internet
WEB MASTER : Jean-Luc DESCHAMPS et Christian CASON
Vous pouvez parcourir le calendrier, pour avoir, jour par jour ou, mois par mois les activités et les devoirs de mémoires de la section
Tous les ans à cette époque la section Rhône-Loire Métropole de Lyon participe à la cérémonie en mémoire des aviateurs tombés le 28 février 1945 près du village de Colombier-Saugnieu.
Cette année c’est le 1er avril 2023 que l’ANSORAAE de la section Rhône-Loire et son président Christian Cason participaient à cette commémoration avec l’ANORAAE secteur 640 et son président Alain Devornique en présence du président du groupement Rhône-Alpes Ignace Di Filippo.18 drapeaux accompagnaient la municipalité de Colombier-Saugnieu avec les associations d’anciens combattants pour cette cérémonie. Tous les ans le récit du crash du co-pilote narré par le Sergent Henri Bourrassier ancien membre de l’ANSORAAE est lu par le président de la section Rhône-Loire. C’est le 28 février 1945 que le pilote et le co-pilote du B26 Marauder N° 32 décidaient de crasher leur avion rempli de 2 tonnes de bombes dans ce champ pour éviter le village de Saugnieu. Ce sont les habitants qui porteront secours à l’équipage ou deux aviateurs y laissèrent leurs vies : le sous-lieutenant Alexandre Dravert et le sergent Louis Moulard, respectivement mécanicien et radio.
À la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les villageois de Saugnieu décidèrent d’ériger cette stèle pour figer éternellement ce lieu de mémoire.
Article : Christian CASON Crédit Photographique : Association des Anciens Combattants de Colombier-Saugnieu
Samedi 03 avril 2021 à 10h00, le 76ième anniversaire du crash du Marauder B26 a été commémoré en présence de monsieur Carbone, adjoint au maire et aux Anciens combattants de Colombier-Saugnieu, de monsieur Gérard Gadoud, président de l’amicale des Anciens combattants de la commune et de Michel Bennier, président de la section Ansoraa Rhône Loire Métropole de Lyon, accompagné de ses porte-drapeaux pour le Groupement Rhône Alpes, Christian Cason, et pour la section Rhône Loire, Jean-Luc Deschamps.
Michel Bennier a, au cours de son allocution, rappelé les faits de cette tragédie. Il a lu le récit intégral du sergent Henri Bourrassier, co-pilote rescapé, qui avait relaté le déroulement de cet évènement lors de sa participation à la commémoration du 18 février 2012.
Il y avait, ce matin-là du 28 février 1945, une vingtaine de Maraudeur B26 prêts à décoller depuis l’aéroport de Lyon-Bron pour une mission sur l’Allemagne.
Le Maraudeur B26 numéro 32 du Groupe de bombardement moyen Bretagne était chargé de 2 tonnes de bombes. Peu de temps après son décollage, des ‘’ploufs’’ puis le feu sont apparus au moteur droit. L’appareil a vite perdu de l’altitude, il fallait alors se crasher; une plaine près de l’église de la commune de Colombier-Saugnieu fut le point de chute de l’avion composé d’un équipage de 6 hommes.
Peu de temps après le crash, les munitions des mitrailleuses crépitaient dans le feu, il fallait s’extraire au plus vite de l’appareil.
Quatre membres de l’équipage blessés pourront s’échapper à temps. Le sergent Louis Moulard, radio bord, seul réellement indemne, voulut aider et secourir le sous-lieutenant Alexandre Dravert, mécanicien, coincé par les bombes. Ils périront tous les deux lors de leur explosion.
L’armée mena à l’époque une enquête pour déterminer la cause précise de ces ennuis moteur qui devenaient de plus en plus fréquents. Cette investigation mena à l’arrestation d’un gang qui soutirait de l’essence des bidons et la remplaçait par de l’eau.
La section Ansoraa Rhône Loire, avec le soutien de la mairie, tenait absolument à être présente cette année avec ses deux drapeaux pour rendre, même en ‘’jauge’’ réduite, un chaleureux hommage aux
deux aviateurs morts en mission pour la France en cet hiver de 1945.
(article et photographies : Jean-Luc DESCHAMPS)
Lors d'une commémoration avec l'ANSORAA Section Rhône-Loire
Le 26 février 1945 : une importante mission sur l'Allemagne est confiée au Groupe de bombardement " Bretagne ". Briefing, identification de 'objectif.
lTous les renseignements sur le tracé de la route, axe de bombardement, nombre de tubes de FLAK, photos, les ordres étant donnés, nous voici sur la ligne de vol. Notre avion, le B-26, " Marauder " N° 32, est chargé de 2 tonnes de bombes.
L’équipages : s/It Pierre HENTGES, pilote , sergent BOURRASSIER, copilote ; s/lt DRAVERT, mécanicien ; s/It PERNOT navigateur ; sergent VEZAN, mitrailleur de tourelle ; sergent MOULARD, radio.
L'équipage embarque et, à son poste, chacun procède à ses vérifications d'usage ; "check-list " pour les pilotes, tout est en ordre.
Une vingtaine de , " Marauder " réchauffe leurs moteurs. Il fait froid et les mécanos au sol, enveloppés dans leurs " moumoutes ", s'assurent avant que nous ne quittions le parking, que tout tourne rond.
Puis, c'est l'heure " H ". Le pilote " leader " annonce, " roulage " par radio et selon un ordre bien établi - la position en vol de groupe - chaque avion prend sa place. Arrive notre tour...
Alignement, une vision globale du tableau de bord en balayage, tout va bien. Devant nous, l'avion précédent est sur le point de décoller. 52 pouces de pression d'admission, et c'est parti. Décollage, le train est rentré et, aussitôt, des " plouf " de plus en plus forts se produisent sur le moteur droit, de telle sorte qu'il fait un sixième de tour sur son berceau à chaque fois que des flammes s'échappent en retour par les prises d'air du capotage. C'est impressionnant, 2 000 CV en colère. Nous vidons les extincteurs, sans succès. Et pas question de larguer les bombes, car l'ouverture des trappes nous ferait perdre 10 nœuds dont nous avons bien besoin.
À l'altitude à laquelle nous sommes, il n'est pas question de la moindre évolution. Le s/lt HENTGES contrôle parfaitement l'avion, mais il est juste temps quand se présente devant nous un champ tout proche d'un village, avec son clocher qu'il faut à tout prix éviter. " On se crashe! " Combien de temps sommes-nous restés prisonniers dans cet amas de tôles? Seuls les témoins de ce moment funeste pourraient le dire. Nous
sommes tous assommés, blessés et, malheureusement, DRAVERT et MOULARD sont morts. J'ai la tête nue, car ma casquette de laine US a disparu. J'ai le visage ensanglanté et je sens du chaud qui coule dans mon cou et le dos. Passant ma main dans les cheveux, je constate une grande fente en V dans le cuir chevelu. J'ai aussi différentes blessures sur le corps.
Je secoue HENTGES et lui crie : " Dépêche-toi, l'avion brûle ! ". Je m'aperçois alors qu'il a le pied gauche bloqué dans le palonnier. La trappe d'évacuation au-dessus de nos têtes - deux panneaux à ouverture latérale est bloquée et son ouverture est impossible. Je peux vous dire que se battre pour sauver sa vie, ça compte !
Alors que les cartouches des mitrailleuses commencent à exploser et que l'incendie prend de plus en plus d'ampleur, je cherche une issue autour de moi. Le nez de l'avion en plexiglas (l'emplacement du bombardier) est en partie cassé. Juste le passage d'un homme! À ce moment, je m'aperçois que je n'ai plus de chaussure au pied droit... Une bombe s'est détachée de la soute, est passée sous mon siège et s'est arrêtée dans le couloir du bombardier. Avant de m'engouffrer dans l'étroit passage, je m'assure que HENTGES s'est libéré de son piège et qu'il est prêt à me suivre.
Me retrouvant à l'extérieur, bien que déchiré de toute part, je me sens heureux que nous en ayons réchappé. Soudain, j'aperçois une dame qui garde ses chèvres et je lui crie : " N'approchez pas, les bombes vont sauter ! ". Au même moment, je vois VEZAN s'échapper à l'arrière par le sabord en se tenant le bras. Je me dirige alors vers un petit muret en pierres sèches, puis plus rien, je suis tombé dans le coma.
Je reprends connaissance chez le boucher du village, allongé sur une table. Des gens, autour de moi, s'efforcent de me donner les premiers soins. Je m'enquiers alors de mes camarades et de l'avion. Il a déjà explosé et je n'ai rien entendu.
Après vingt jours d'hôpital et de convalescence, je retrouve mes camarades de combat qui m'ont préparé une petite fête. Et les missions reprennent, nombreuses. Mais la météo s'est améliorée depuis février et nous sentons que la fin approche.